Socrate: Pour la philosophie un père libérateur
Par
Louis André Dorion
Socrate et Alcibiade, huile sur toile de Karl von Blaas, 1836. Socrate trouve Alcibiade chez les hétaires. |
Si d'autres esprits firent de la
philosophie avant lui, l'Athénien révolutionne cette pratique lorsqu'il prône qu'elle
n'étudie pas la nature mais les affaires humaines. Il en résulte des exigences
et des méthodes radicalement neuves, dont nous sommes toujours héritiers.
Ce serait une erreur de croire que la
méthode socratique est une forme d'introspection car la connaissance de soi a
ceci de paradoxal qu'elle nécessite la médiation d'autrui.
Dans le traite
de Cicéron. Des termes extrêmes des biens et des maux (ll, I, 1-2), un personnage
affirme de Socrate qu' on peut à bon
droit l'appeler "père de la philosophie". Le premier
philosophe n'est il pas plutôt Thales de
Milet, dont la naissance recède de plus d'un siècle celle de Socrate? La
philosophie devrait-elle revendiquer deux pères? Ce n'est pas dans le même sens
que l'on attribue à Thales le titre de " premier philosophe "
et a Socrate Celui de " père de la philosophie ".
Thales est le premier philosophe dans la mesure ou il serait l'initiateur du type de recherche qui consiste à expliquer les phénomènes naturels a partir de causes matérielles, et non plus en faisant intervenir des causes sur naturelles, comme les dieux, alors que, ce qui vaut a Socrate d'être reconnu comme le père de la philosophie, c'est d'avoir été le premier à se détourner l'étude de la nature et à insister pour que la réflexion philosophique s'intéresse désormais, et exclusivement aux affaires humaines:
"C'est à Socrate qu'on attribue la première
idée de la phi1osophie, non pas de la philosophie qui a pour objet la ture
(celle-là est plus ancienne), mais de la phi1osop_hie qui traite du bien
et du mal et qui donne des principes de conduite et de morale."
Ce texte de Cicéron
(Brutus, VIII, 51) est un témoignage, parmi, d'autres, d'une tradition qui
remonte a Platon (Apologie, 19c), a Xénophon (Mémorables I, 1.1-16)
et à Aristote (Métaphysique , A, 6, 987b 1-2), et dont, plusieurs siècles
plus tard, on trouve encore un écho dans La Cite de Dieu (VIII, 3) de saint
Augustin.
C'est d'ailleurs
a partir de cette. tradition unanime que les Modernes ont forge le terme
"présocratiques" pour désigner les philosophies qui se situent avant
la "révolution " socratique et qui avaient donc fait de la nature (phusis) l'objet privilégié de leur questionnement.
Le désintérêt de Socrate pour l'étude de la nature
procède en fait de la conviction quela réflexion éthique obéit a ses propres
exigences et qu'elle n'a rien à apprendre, ou 'si peu, de 1'étude de la
nature.
Comme la connaissance des phénomènes de la nature
semble inaccessible - ainsi qu'en témoignent les désaccords incessants entre
les philosophes qui aspirent à cette connaissance - et que la question de
savoir comment l'on doit mener sa vie est une question
urgente qui ne saurait souffrir qu'on la diffère plus longtemps
ni même qu'on la
subordonne à la connaissance
de la nature, Socrate en fait la question privilégiée, voire
exclusive, de la réflexion
philosophique.
On peut Certes
contester que 1e mérite d'avoir opéré une telle
rupture dans 1'histoire de
la philosophie grecque revienne
entièrement et exclusivement à Socrate.
L'on trouve en effet
chez certains présocratiques,
notamment Démocrite
- qui
est en fait un contemporain de Socrate -, les éléments d'une réflexion
morale (lu plus grand intérêt , et l'on s'entend aujourd'hui a reconnaitre que les sophistes n'ont pas moins
contribue que Socrate a faire des questions éthiques et politiques l'objet par
excellence de la philosophie.
Si Socrate peut néanmoins
être considère comme le " fondateur
de la science morale" (selon le philosophe Emile Boutroux), c'est non
seulement en raison de son influence déterminante sur la réflexion
éthique de ses disciples immédiats el philosophiques postérieures, mais
aussi parce qu'il demeure pour nous le premier exemple d'un philosophe en entièrement dévoue a la recherche exigeante des principes et des
Fondements de la "vie bonne ".
Père de la philosophie, Socrate l'est également
lorsqu'il détourne des jeunes gens de leurs occupations habituelles pour les
initier a la philosophie. A l'occasion d'un échange dialectique, c'est-a-dire d'un
entretien par questions et réponses brèves an cours duquel Socrate Contraint
son interlocuteur a répondre de sa prétention an savoir, Socrate lui fait prendre
conscience qu'il est en réalité ignorant
de ce qu'il s'imaginait savoir.
Celui qui
reconnait son ignorance
éprouve un
trouble et un embarras qui peuvent cependant se révéler féconds en ce
qu'ils sont nécessaires a l'éveil du désir d'apprendre
et d'avoir enfin accès a la véritable
connaissance qui est la condition de la vie bonne.
Comme l'a
magnifiquement dit Jacques Brunschwig,
Publicado en Le Magazine Litteraire. Paris, Juin 2009, Nº 487. p. 66-67
Traducción personal PAV.
Si otros espíritus hicieron filosofía antes que él, el ateniense revolucionó esta práctica cuando defendió que ella no estudiara la naturaleza sino los asuntos humanos. El resultado son requisitos y métodos radicalmente nuevos, de los cuales todavía somos herederos.
Sería un error creer que el método socrático es una forma de introspección porque el autoconocimiento es paradójico porque requiere la mediación de otros.
En el trato de Cicerón. Términos extremos de bienes y males (ll, I, 1-2), un personaje dice de Sócrates que podemos llamarlo "padre de la filosofía". ¿No es el primer filósofo Tales de Mileto, cuyo nacimiento es más de un siglo mayor que el de Sócrates? ¿Debería la filosofía reclamar dos padres? No es en el mismo sentido que se atribuya a Tales el título de "primer filósofo" y a Sócrates el de "padre de la filosofía".
Thales es el primer filósofo en la medida en que es el iniciador del tipo de investigación que consiste en explicar los fenómenos naturales a partir de causas materiales, y ya no involucra causas naturales, como los dioses, mientras Lo que es digno de que Sócrates sea reconocido como el padre de la filosofía, es haber sido el primero en dejar de lado el estudio de la naturaleza e insistir en que la reflexión filosófica debería estar interesada en adelante y exclusivamente en los negocios. humana:
"Es a Sócrates a quien atribuimos la primera idea de filosofía, no de filosofía cuyo objeto es el tiempo (que es más antiguo), sino de phi1osop_hie que se ocupa de lo bueno y lo malo y que da principios de conducta y moral ".
Este texto de Cicero (Brutus, VIII, 51) es un testimonio, entre otros, de una tradición que se remonta a Platón (Apología, 19c), a Jenofonte (Memorias I, 1.1-16) y a Aristóteles (Metafísica , A, 6, 987b 1-2), y varios siglos después, todavía hay un eco en La Ciudad de Dios de San Agustín (VIII, 3).
También es de esto. Una tradición unánime de que los modernos forjan el término "presocrático" para designar las filosofías que yacen antes de la "revolución" socrática y que hicieron de la naturaleza (phusis) el objeto privilegiado de su cuestionamiento.
El desinterés de Sócrates en el estudio de la naturaleza es, de hecho, una convicción de que la reflexión ética obedece a sus propios requisitos y que no tiene nada que aprender, o tan poco, del estudio de la naturaleza.
Como el conocimiento de los fenómenos de la naturaleza parece inaccesible, como lo demuestran los desacuerdos incesantes entre los filósofos que aspiran a este conocimiento, y que la cuestión de cómo uno debe llevar la vida es una pregunta urgente que no puede sufrir Si se retrasa aún más o incluso se subordina al conocimiento de la naturaleza, Sócrates la convierte en la cuestión privilegiada, incluso exclusiva, de la reflexión filosófica.
Ciertamente, se puede negar que el mérito de haber hecho tal ruptura en la historia de la filosofía griega vuelve total y exclusivamente a Sócrates. De hecho, algunos presocráticos, especialmente Demócrito, que en realidad es contemporáneo de Sócrates, encuentran los elementos de una reflexión moral (el mayor interés, y ahora estamos de acuerdo en reconocer que Los sofistas no han contribuido menos que Sócrates para hacer de las cuestiones éticas y políticas el objeto por excelencia de la filosofía.
Sin embargo, si se puede considerar a Sócrates como el "fundador de la ciencia moral" (según el filósofo Emile Boutroux), no es solo por su influencia decisiva en la reflexión ética de sus discípulos filosóficos inmediatos y posteriores, sino también porque sigue siendo para nosotros el primer ejemplo de un filósofo totalmente dedicado a la búsqueda exigente de los principios y fundamentos de la "buena vida".
Padre de la filosofía, Sócrates también es padre cuando aleja a los jóvenes de sus ocupaciones habituales para presentarles la filosofía. Con ocasión de un intercambio dialéctico, es decir, de una entrevista con preguntas cortas y respuestas en el curso de las cuales Sócrates obliga a su interlocutor a responder por su afirmación de saber, Sócrates le hace saber que está en realidad ignorante de lo que él imaginaba que sabía.
Quien reconoce su ignorancia experimenta una perturbación y una vergüenza que, sin embargo, puede resultar fructífera porque son necesarias para despertar el deseo de aprender y finalmente tener acceso al verdadero conocimiento que es la condición de la vida. buena.
Publicado en Le Magazine Litteraire. Paris, Juin 2009, Nº 487. p. 66-67
Traducción personal PAV.
Si otros espíritus hicieron filosofía antes que él, el ateniense revolucionó esta práctica cuando defendió que ella no estudiara la naturaleza sino los asuntos humanos. El resultado son requisitos y métodos radicalmente nuevos, de los cuales todavía somos herederos.
Sería un error creer que el método socrático es una forma de introspección porque el autoconocimiento es paradójico porque requiere la mediación de otros.
En el trato de Cicerón. Términos extremos de bienes y males (ll, I, 1-2), un personaje dice de Sócrates que podemos llamarlo "padre de la filosofía". ¿No es el primer filósofo Tales de Mileto, cuyo nacimiento es más de un siglo mayor que el de Sócrates? ¿Debería la filosofía reclamar dos padres? No es en el mismo sentido que se atribuya a Tales el título de "primer filósofo" y a Sócrates el de "padre de la filosofía".
Thales es el primer filósofo en la medida en que es el iniciador del tipo de investigación que consiste en explicar los fenómenos naturales a partir de causas materiales, y ya no involucra causas naturales, como los dioses, mientras Lo que es digno de que Sócrates sea reconocido como el padre de la filosofía, es haber sido el primero en dejar de lado el estudio de la naturaleza e insistir en que la reflexión filosófica debería estar interesada en adelante y exclusivamente en los negocios. humana:
"Es a Sócrates a quien atribuimos la primera idea de filosofía, no de filosofía cuyo objeto es el tiempo (que es más antiguo), sino de phi1osop_hie que se ocupa de lo bueno y lo malo y que da principios de conducta y moral ".
Este texto de Cicero (Brutus, VIII, 51) es un testimonio, entre otros, de una tradición que se remonta a Platón (Apología, 19c), a Jenofonte (Memorias I, 1.1-16) y a Aristóteles (Metafísica , A, 6, 987b 1-2), y varios siglos después, todavía hay un eco en La Ciudad de Dios de San Agustín (VIII, 3).
También es de esto. Una tradición unánime de que los modernos forjan el término "presocrático" para designar las filosofías que yacen antes de la "revolución" socrática y que hicieron de la naturaleza (phusis) el objeto privilegiado de su cuestionamiento.
El desinterés de Sócrates en el estudio de la naturaleza es, de hecho, una convicción de que la reflexión ética obedece a sus propios requisitos y que no tiene nada que aprender, o tan poco, del estudio de la naturaleza.
Como el conocimiento de los fenómenos de la naturaleza parece inaccesible, como lo demuestran los desacuerdos incesantes entre los filósofos que aspiran a este conocimiento, y que la cuestión de cómo uno debe llevar la vida es una pregunta urgente que no puede sufrir Si se retrasa aún más o incluso se subordina al conocimiento de la naturaleza, Sócrates la convierte en la cuestión privilegiada, incluso exclusiva, de la reflexión filosófica.
Ciertamente, se puede negar que el mérito de haber hecho tal ruptura en la historia de la filosofía griega vuelve total y exclusivamente a Sócrates. De hecho, algunos presocráticos, especialmente Demócrito, que en realidad es contemporáneo de Sócrates, encuentran los elementos de una reflexión moral (el mayor interés, y ahora estamos de acuerdo en reconocer que Los sofistas no han contribuido menos que Sócrates para hacer de las cuestiones éticas y políticas el objeto por excelencia de la filosofía.
Sin embargo, si se puede considerar a Sócrates como el "fundador de la ciencia moral" (según el filósofo Emile Boutroux), no es solo por su influencia decisiva en la reflexión ética de sus discípulos filosóficos inmediatos y posteriores, sino también porque sigue siendo para nosotros el primer ejemplo de un filósofo totalmente dedicado a la búsqueda exigente de los principios y fundamentos de la "buena vida".
Padre de la filosofía, Sócrates también es padre cuando aleja a los jóvenes de sus ocupaciones habituales para presentarles la filosofía. Con ocasión de un intercambio dialéctico, es decir, de una entrevista con preguntas cortas y respuestas en el curso de las cuales Sócrates obliga a su interlocutor a responder por su afirmación de saber, Sócrates le hace saber que está en realidad ignorante de lo que él imaginaba que sabía.
Quien reconoce su ignorancia experimenta una perturbación y una vergüenza que, sin embargo, puede resultar fructífera porque son necesarias para despertar el deseo de aprender y finalmente tener acceso al verdadero conocimiento que es la condición de la vida. buena.